SPECTACLE
"Le grand Georges"
Les chiffres sous les titres indiquent le nombre de pieds structurant le poème
L'amandier
(7-3-7-7-7-7)
Amandier :
Au IIIe siècle, à sa mort, un amandier fut planté sur la tombe de Valentin de Terni, devenu Saint Valentin, par la fille qui l'aimait et à qui il avait rendu la vue.
Dans la littérature l'amandier est un des symboles de l'amour et de la virginité : les fleurs paraissant bien avant les feuilles, chaque rameau se voile alors complètement de blanc, évoquant ainsi une robe de mariée.
Autans :
Vents du sud. En poésie, vents violents
Le vin
(5-5-3)
Harangues
Littéraire : discours solennel prononcé devant une assemblée, une personnalité importante, des troupes, etc. : Les harangues des orateurs de la Révolution.
Familier : discours quelconque, ou discours pompeux, ennuyeux ou moralisateur.
Brassens parle ici de ses chansons. "Avant de chanter ma vie, de faire des harangues", c'est à dire avant d'avoir rencontré le succès
Tantale :
Mythologie grecque. Fils de Zeus et de la nymphe Plouto. Roi de Phrygie. A la suite du vol de l'ambroisie, met divin, qu'il donna aux mortels et après bien des péripéties, le roi fut condamné à ce qui deviendra le supplice de Tantale : passer l'éternité dans le tartare (l'enfer) à subir un triple supplice :
Il est placé au milieu d'un fleuve et sous des arbres fruitiers, mais le cours du fleuve s'assèche quand il se penche pour en boire, et le vent éloigne les branches de l'arbre quand il tend la main pour en attraper les fruits.
Au-dessus de sa tête se tient en équilibre un énorme rocher qui menace de tomber à tout moment. Une angoisse mortelle étreint sans cesse sa gorge constituant ainsi le troisième supplice.
Le fantôme
Cupidon :
fils de Vénus, il est le dieu de l'Amour. Il est assimilé au dieu grec Eros. Ses attributs sont un arc et une flèche.
Icône :
Employé ici au sens premier : image représentant une figure religieuse dans la tradition chrétienne orthodoxe.
Estampe :
À l’origine, l'estampe désigne le résultat de l’impression d’une gravure, les deux termes étant souvent confondus en français.
Le terme « estampe » est le plus approprié aujourd’hui pour différencier une impression dont l’élément imprimant est préparé manuellement, de la reproduction photomécanique ou photochimique.
Pénates :
Divinités romaines protectrices de la maison. (Leurs statuettes figuraient dans le laraire.)
Familier : Pays, domicile, foyer : Regagner ses pénates.
Déduit :
Désuet : divertissement, activité de plaisir, occupation agréable.
Littéraire : coït
Foin ! :
(littéraire) : exclamation de mépris, de dédain.
Délices de Capoue :
Dans l'attente vaine de renfort d'Afrique que les sénateurs de Carthage rechignent à lui envoyer, craignant que sa gloire ne leur porte ombrage, Hannibal prend ses quartiers d'hiver à Capoue, ville où il était entré facilement puisque ses amis politiques y avaient pris le pouvoir peu avant la bataille de Cannes.
Capoue accueille Hannibal et le soutient contre Rome dans la bataille de Zama. Après la défaite d’Hannibal, Capoue est reprise par Rome en 211 av J.C.
Hannibal a été accusé de « s'être endormi dans les délices de Capoue », et l'expression a traversé les âges sous forme de proverbe signifiant: "perdre un temps précieux, qui pourrait être avantageusement employé, et/ou s'amollir dans la facilité au lieu de se préparer à la lutte ".
Philistins
Philistins :
Personnes ayant peu de goût pour l'art, les lettres, les nouveautés, étrangères aux universités
Le Vieux Leon
(4 pieds !)
Langage des fleurs :
Myosotis : Ne m'oublie pas :
"(...)
Tous sont restés
Du parti des
Myosotis"
La gaité :
La rue de la gaité se situait à l'extérieur de l'ancienne barrière fiscale du mur des Fermiers généraux, dont il subsiste des vestiges à proximité, place Denfert-Rochereau. Les débits de boisson se tenaient à l'extérieur de cette barrière pour échapper aux taxes, sur le vin notamment, qui étaient perçues par l'Octroi de Paris. Elle abritait les guinguettes de Montparnasse, des bals et des restaurants dont sous l'Empire, un plus fameux que les autres, le restaurant Richefeu, au numéro 1, sur trois étages, où les prix descendaient à mesure que l'on montait.
L'impasse Florimond, où vivait Brassens, était située entre la rue de Vanves et la rue de la gaîté
"Les bons enfants
D'la rue de Van
V'à la Gaîté"
Sainte Cécile :
Patronne des musiciens
La route aux quatre chansons
Rigodon, menuet, pavane, tarentelle, sardane :
Différents type de danses : à la cour, régionale, folklorique...
Cupidon
Heur :
Vient de l’ancien français oür, aür, eür (xii e siècle) qui est issu d’un latin populaire agurium, altération du latin augurium (« présage »). Le h initial a été rajouté au Moyen Âge par collision avec le mot heure lors de la construction des mots bonheur (« bon (h)eur ») et malheur (« mal (h)eur »).
Littéraire (vieilli) : bonne fortune, chance heureuse.
La femme d'Hector
Tour de Babel :
La tour de Babel est une tour mythique évoquée dans la Genèse1. Après le Déluge, les premiers hommes entreprennent sa construction pour atteindre le ciel, mais Dieu interrompt leur projet qu'il juge trop ambitieux, en brouillant leur langage et en les dispersant sur la Terre. (Wikipédia)
Guignon :
Malchance persistante. (vieux)
La santé :
La maison d’arrêt de la Santé, ou plus simplement la prison de la Santé ou la Santé, est une prison située dans l’est du quartier du Montparnasse du 14e arrondissement de Paris, au 42, rue de la Santé.
Langue des Dieux :
Poésie
Le mouton de Panurge
Etre un mouton de Panurge signifie suivre bêtement, sans réfléchir.
Cette expression est née du chapitre 7 du Quart livre de Rabelais. L'auteur y décrit la vengeance de Panurge qui voulait acheter un mouton au négociant Dindenault. Celui-ci refusa et se moqua longuement de son interlocuteur. Panurge réussit à acquérir un mouton et, pour se venger, le jeta dans la mer. Tous les autres moutons de Dindenault le suivirent et en firent autant.
La marguerite
(4-4-3 !)
Bréviaire :
Le bréviaire est un livre liturgique catholique contenant l'ensemble des textes nécessaires pour prier la liturgie des Heures appelée aussi l'office divin
Nonette :
Jeune nonne
Cornette :
Coiffe de tissu blanc portée par les sœurs chrétiennes chargées des affaires sanitaires jusqu'au début des années 1960.
Sabbat :
Réunion de sorcières
"La frivole
Fleur qui vole
Ne vient pas
De nonettes
De cornettes
En sabbat"
Ambages :
Circuit de paroles témoignant d'un certain embarras.
Parler sans ambages : directement, sans détours.
"Et l'a mise
Chose admise
Par le ciel
Sans ambages
Dans les pages
Du missel"
Les copains d'abord
Cette chanson a été écrite sur commande pour le film d'Yves Robert, "Les copains" sorti sur les écrans en 1965.
Le radeau de la méduse :
Peinture à l'huile sur toile, réalisée entre 1818 et 1819 par le peintre Théodore Géricault (1791-1824). Le titre initial que Géricault avait donné était Scène d'un naufrage .
Ce radeau surchargé de naufragés a bien existé. La Méduse a fait naufrage au large de l'Afrique le 2 juillet 1816. Les survivants, entre autres joyeusetés, s'entredévorèrent.
Père peinard :
Journal hebdomadaire anarchiste fondé en 1889 par Emile Pouget.
Mare des canards :
La mer
Fluctuat nec mergitur :
Devise de la ville de Paris : "battu par les flots mais ne sombre pas"
Castor et Pollux :
Jumeaux de la mythologie grecque, homosexuels et protecteurs des marins.
Sodome et Gomorrhe :
Deux villes de la mythologie grecque qui furent détruites par le soufre et le feu, victimes de la colère divine à cause de la décadence, notamment de l'homosexualité, qui y régnait
Montaigne et la Boétie :
Ils étaient liés par une amitié particulièrement célèbre et dont on a pu penser qu'elle était homosexuelle
Crédo :
Profession de foi des catholiques de rite latin. Par extension, le terme couvre l'ensemble des principes sur lesquels une personne fonde son opinion et sa conduite. C'est aussi la voie que suit une personne au cours de sa vie, l'ensemble des règles et des mœurs qui lui permettent de forger son opinion et ses choix.
Confitéor :
Prière liturgique latine commençant par ce mot latin signifiant « Je reconnais, j'avoue ». La version française est connue sous le titre "Je confesse à Dieu".
Sémaphores :
Sous Napoléon 1er, le sémaphore était un poste de guet établi sur la côte, chargé de surveiller les approches maritimes et de signaler par signaux optiques toute activité ennemie
Le bistrot :
(5-5-3)
Passy :
Ancienne commune de la seine. Avec Auteuil, elle constitue maintenant le 16 ème arrondissement de Paris
Fontaine Wallace :
Les fontaines Wallace sont des points d’eau potable publics qui se présentent sous la forme de petits édicules en fonte présents dans plusieurs villes dans le monde. C’est à Paris qu’elles furent implantées en premier et qu’on en trouve le plus grand nombre. Dessinées par Charles-Auguste Lebourg, elles tiennent leur nom du philanthrope britannique Richard Wallace qui finança leur édification. Elles sont souvent associées par les étrangers à l'image de Paris.
L'orage
Jupiter :
Jupiter, en latin Juppiter ou Jovis, est le dieu romain qui gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants s'y trouvant. Il est aussi le maître des autres dieux. Il est originellement un dieu du ciel, caractéristique que l'on retrouve dans son association aux présages célestes liés aux pratiques divinatoires des prêtres de Rome. Il a pour attributs l'aigle et le foudre (nom masculin dans ce cas)
Huis :
nom masculin invariable. (vieilli) Porte extérieure d'une maison
Benjamin Franklin :
Benjamin Franklin (17 janvier 1706 à Boston - 17 avril 1790 à Philadelphie) est un imprimeur, éditeur, écrivain, naturaliste, inventeur et homme d'État américain.
Il participe à la rédaction de la déclaration d'indépendance des États-Unis, dont il est un des signataires, ce qui fait de lui l'un des Pères fondateurs des États-Unis. Pendant la Révolution américaine il négocie en tant que diplomate en France non seulement le traité d'alliance avec les Français mais aussi le traité de Paris. Délégué de la Convention de Philadelphie, il participe à l'élaboration de la Constitution des États-Unis.
La vie de Benjamin Franklin est en grande partie caractérisée par la volonté d'aider la communauté.
La fondation des premiers sapeur-pompiers volontaires à Philadelphie, la première bibliothèque de prêt des États-Unis et l'invention du poêle à bois à combustion contrôlée illustrent son ambition d'améliorer la qualité de vie et l'accès à l'éducation de ses concitoyens. Avec l'invention du paratonnerre il parvient à écarter le danger que représentait jusqu'à présent ce phénomène naturel.
La ballade des cimetières
Cimetière marin :
"le cimetière marin" est un poème célèbre de Paul Valéry, poète né à Sète, comme Georges Brassens. Il y fait référence également dans la "Supplique pour être enterré à la plage de Sète"
Tombeaux en Espagne :
Jeux de mots sur "châteaux en Espagne", qui signifie avoir des projets manquant de réalisme, chimères...
Rue Froideveaux :
Rue qui borde le cimetière Montparnasse
Le 22 septembre
"Que le brave Prévert et ses escargots veuille
Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles"
Poème de Prévert : A l'enterrement d'une feuille morte :
"A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne"
Le complexe d'Icare :
Mythologie grecque. Cherchant à fuir son exil et ne pouvant emprunter ni la voie des mers, que Minos contrôlait, ni celle de la terre, Dédale eut l'idée, pour fuir la Crète, de fabriquer des ailes semblables à celles des oiseaux, confectionnées avec de la cire et des plumes. Il met en garde son fils, Icare, lui interdisant de s'approcher trop près de la mer, à cause de l'humidité, et du Soleil, à cause de la chaleur. Mais Icare, grisé par le vol, oublie l'interdit et prenant trop d'altitude, la chaleur fait fondre la cire. Ses ailes finissent par le trahir et il meurt précipité dans la mer qui porte désormais son nom : la mer Icarienne.
Equinoxe :
Un équinoxe est un instant de l'année où le soleil traverse le plan équatorial terrestre ; il change d'hémisphère céleste. Ce jour-là, le Soleil passe alors exactement au zénith sur l'équateur céleste.
Une année connaît deux équinoxes ou points équinoxiaux : le premier, entre les 19 et 21 mars; le second, entre les 22 et 23 septembre.
Pénélope
Pendant les vingt années d'absence d'Ulysse, durant et après la guerre de Troie, Pénélope lui garda une fidélité à l'épreuve de toutes les sollicitations. Sa beauté et le trône d'Ulysse attirèrent à Ithaque cent huit prétendants. Elle sut toujours éluder leur poursuite et les déconcerter par de nouvelles ruses. La première fut de s'attacher à faire sur le métier un grand voile, en déclarant aux prétendants qu'elle ne pouvait contracter un nouveau mariage avant d'avoir achevé cette tapisserie destinée à envelopper le corps de son beau-père Laërte, quand il viendrait à mourir. Ainsi, pendant trois ans, elle allégua cet ingénieux prétexte, sans que sa tapisserie s'achevât jamais ; car elle défaisait la nuit ce qu'elle avait fait le jour : de là est venue l'expression « la toile de Pénélope », désignant un ouvrage auquel on travaille sans cesse et que l'on ne termine jamais.
Tonton Nestor
(4-4-6)
Fieffé :
Qui a un vice situé au plus haut degré.
Vous vous comportâtes :
Se comporter à la deuxième personne du pluriel du passé simple. Sans doute employé ici pour évoquer "tâte" du verbe tâter.
Eminence charnue :
Mamelon au centre du sein ou de la mamelle
Incontinent :
Employé ici comme adverbe au sens de : aussitôt, immédiatement, instantanément.
Enchifrené :
Enrhumé
Rotondité :
Rondeur d'une personne bien en chair
Tonsuré :
Qui a reçu la tonsure, petit rond que les ecclésiastiques rasaient sur le haut du crâne.
La cane de Jeanne
(2-2-6-6-2-2)
Cette chanson est tirée d'une anecdote rapportée par Brassens lui-même. Tous étaient très pauvres chez Jeanne, et ils avaient obtenu une cane pour la manger. Mais comme tous aimaient trop les animaux pour pouvoir la tuer, elle est décédée de sa belle mort !
La chute de la chanson se fait sur un juron qui exprime la colère, la révolte mais aussi l'impuissance devant la mort.
Les amours d'antan
(6 pieds)
Amour : Nom masculin au singulier et féminin au pluriel : un amour, de belles amours.
Trois mots de la langue française présentent cette particularité : amour, délice, orgue.
grisette : ɡʁi.zɛt/ féminin
(Vieilli) (Désuet) Vêtement d’étoffe grise de peu de valeur.
(Par extension) La jeune fille ou jeune femme de médiocre condition qui portait ce vêtement (souvent employé avec une connotation de prostitution).
Jeune ouvrière coquette et galante.
Nymphes :
Divinités féminines de la nature, d’une rare beauté, généralement considérées comme les filles de Zeus et du Ciel, les nymphes grecques peuplent la plupart des lieux notamment les sources et les rivières
Des Vénus de barrière :
La Vénus callipyge est un type particulier de statue grecque représentant la déesse Vénus, ou plus exactement Aphrodite, soulevant son péplos pour regarder ses fesses, nécessairement superbes par dessus l'épaule. D'après Clément d'Alexandrie, elle était honorée dans un temple de Syracuse.
Cythère :
Dans l'Antiquité, l'île de Cythère, située dans les îles grecques de la mer Égée, abritait un temple dédié à Aphrodite, déesse de l'amour : ses eaux auraient vu naître la déesse. L'île représente donc le symbole des plaisirs amoureux.
Le moulin de la galette :
Seul moulin à vent en état de marche de la butte Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris. Il est visible depuis la rue Lepic. Il fut jadis une célèbre guinguette
Psyché :
Mythologie grecque. Psyché est la fille d'un roi. Elle est d'une beauté si parfaite qu'elle excitera la jalousie d'Aphrodite, à laquelle on la compare.
La ronde des jurons
Harengère :
Autrefois, femme qui vendait au détail du hareng ou d'autres poissons.
Familier et vieux : femme querelleuse et grossière dans son langage et ses manières
Ballade des dames du temps jadis
Oeuvre de François Villon (1431- disparu en 1463). Elle fait partie du recueil Le Testament, connu aussi comme Le Grand Testament, où elle précède La Ballade des seigneurs du temps jadis et La Ballade en vieil langage Françoys, triptyque des ballades au centre de l’œuvre.
Ce poème conçu comme un hommage à des femmes célèbres est avant tout un texte profondément lyrique où le poète sollicite le lecteur pour lui faire partager sa mélancolie face au temps qui passe.
La bonne compréhension de ce poème nécessite une étude détaillée que l'on pourra facilement trouver sur le net.
Le vent
Les pont des arts :
Pont traversant la Seine au centre de Paris
Colin-Tampon :
Désigne l'ancienne batterie de tambour des Suisses au service de la France, qui s'illustra pendant la bataille de Marignan (1515). Colin, diminutif de Nicolas, signifie en langage paysan le nigaud et tampon représente le tambour.
Bien sûr si l'on ne se fonde
que sur ce qui saute au yeux :
superbes allitérations. On y entend le vent souffler
La marine
Quelques strophes du poème de Paul Fort, "L'amour marin" qui en compte 27 !
La complainte des filles de joie
Grues : grands oiseaux terrestres (de 90 à 176 centimètres), gracieux, à long cou et longues pattes, au plumage à dominantes grises ou blanches.
Familier : prostituée
Trompe la mort
Les fêtes galantes :
Recueil de poèmes de Paul Verlaine. Ce recueil court propose vingt deux poèmes décrivant des scènes de séduction et de badinage amoureux
Les fêtes galantes sont également un style pictural dont le prototype est sans doute « Le pèlerinage à l’ile de Cythère » d’Antoine Watteau
SPECTACLE
"Connaissez-vous vraiment
Brassens ?"
Chant : La mauvaise herbe
Bonsoir, mesdames et messieurs et merci d'être venus fêter avec nous nos dix ans de brassenseries...:). Nous aurons l'occasion d'échanger après le spectacle autour d'un verre mais pour l'heure nous voici réunis autour de Georges Brassens.
La mauvaise herbe, voilà qui campe le personnage ! On parlera un peu plus en détail tout à l'heure de celui qui eût mauvaise réputation.
Georges Brassens est reconnu aujourd'hui comme un grand maître de la poésie et de la chanson française par tout ce qui compte, dans ce domaine, depuis les années cinquante.
Alors pourquoi ?
Eh bien j'y vois deux raisons.
La première est : mais comme il dit bien les choses qu'il dit ! Nous avions consacré un de nos précédents spectacles justement à la langue de Brassens. Et pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas eu la chance extraordinaire d'assister à ce spectacle, il me faut procéder ici à quelques petits rappels...
La poésie, çà s'écrit en vers. Si je vous dis "Non-ce-n'é-tait-pas-le-ra-deau", voyez, il y a huit syllabes, on appelle çà des pieds..."De-la-mé-du-se-ce-ba-teau", huit pieds...Ce sont des vers à pied, en somme...:)
Et au bout du vers, il y a la rime. Ce sont les sons que l'on entend à la fin du vers et qui sont identiques, d'un vers à l'autre. Comme ici, on entend le son "o", qui se répète...Et quand un seul son rime, on dit que la rime est pauvre.
Quand il y a deux sons qui riment, comme ici, "to" avec "do"...Ah oui le "t" et le "d" sont équivalents. Il y a,comme çà, des règles écrites depuis fort longtemps, que l'on peut trouver sur le site des Brasse-Sens par exemple...Ce sont les sons qui se ressemblent : ch avec j, f avec v, s avec z, etc. Quand deux sons riment, on dit que la rime est suffisante. On a bon. On a largement la moyenne, voyez...? Et quand plus de deux sons riment, comme ici : "ato" avec "ado", on dit que la rime est riche...Ben oui, parce que c'est plus compliqué... Alors, à la lumière de ce que vous venez de redécouvrir maintenant, probablement, vous pourrez désormais écouter ici ou là les chansons françaises que vous entendrez et vous pourrez vous demander si les rimes sont riches, pauvres ou suffisantes...:)
Mais on peut aller plus loin. Les mots qui portent la rime peuvent faire sens l'un avec l'autre, comme ici. Le radeau est une espèce de bateau. Et je vous prie de croire qu'avec Brassens ce n'est pas du hasard. Rien n'est jamais au hasard dans les mots de Brassens.
Il y a comme çà des rimes célèbres. Vous connaissez par exemple "Amour" avec "Toujours"...Ca peut faire sens, parfois, amour avec toujours, nan...?:)
Mais çà, c'est un cliché !
Un cliché, c'est une figure de style qui a tellement et tellement été employée que çà en est devenu relou...Lourd, en verlan...A l'envers...
Brassens, lui, n'emploie pas de cliché. Lui, il fera rimer par exemple "Fesses" avec "Confesse"..:)
Con, fesses, les deux...Il a chanté les cons et il a chanté les fesses...
Et là, vous vous dites, c'est bon, j'ai tout compris...Pas sûr. Bon, y a pas d'enfants ce soir, n'est-ce pas ?
Brassens à écrit un texte qui s'appelle "Le blason". C'est un texte à la gloire du sexe féminin... L'organe sexuel féminin... Il y déplore qu'on n'ait jamais trouvé de joli mot poétique pour le désigner. Il déplore que l'un d'entre nous, un homme probablement, eut un jour l'idée saugrenue d'appeler cela "un con" ! Sans jamais prononcer le mot, attention... : "Un petit vocable de trois lettres pas plus". Et il nous dit que celui-là devait en être un fameux...
Alors moi je me réjouis que désormais, vous n'entendrez plus jamais ce mot de la même manière, confesse...:)
Alors, si vous nous prêtez l'oreille, que nous vous rendrons à la fin du spectacle, vous pourrez entendre des allitérations. Des allitérations, c'est quand la sonorité des mots que l'on emploie évoque justement ce que l'on est en train de dire. Vous connaissez par exemple : "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes" et on entend les serpents siffler.
Hé bien dans "La marguerite", par exemple, si nous sommes dans l'église en train de chuchoter à l'oreille, Brassens nous dira en vers à 4 pieds :
Que ces messes
Basses cessent" .
Ou si Brassens parle de révolutions, il nous dira :
"Depuis tant de grands soirs que tant de têtes tombent", et on entend toutes les têtes tomber...
Ou tout simplement, si je puis dire avec Brassens, : Gare au gorille, grr grr grr grr...
Alors pour illustrer cette belle manière de dire les choses, nous avons choisi de vous interpréter "Le bistrot".
Il s'agit d'un texte qui ne comporte que des vers à cinq et quatre pieds. Rendez-vous compte. Quand les vers sont courts, c'est d'autant plus difficile d'y faire entrer de belle manière tout ce qu'il faut : les images, les références, les césures, les rimes riches, les allitérations, enfin tout ce qu'il faut, quoi. Pour réussir cette performance, il faut être d'une érudition extrême, disposer d'un matériaux important et savoir le travailler comme un artiste...
De plus, Brassens s'est fixé ici un challenge supplémentaire, en sport on dirait un handicap, c'est que chaque strophe devra comporter des rimes en "asse". En réalité, c'est à un véritable exercice de style que se livre Brassens.
Il vous faudra savoir que les fontaines Wallace, ce sont les édifices métalliques qui distribuent de l'eau et qu'on a installés à Paris au 19 ème siècle. Elles furent financées par un philanthrope anglais du nom de Wallace. On en a installé depuis dans toutes les grandes villes du monde mais c'est à Paris qu'elles furent installées en premier et on les appelle "les fontaines Wallace"...Voici...Le bistrot.
A suivre...